
J’aurais voulu me plaindre ce soir, me plaindre contre Dieu de nous avoir arraché un homme de la trempe de Daniel Loobuyck. Mais je ne vais pas le faire. Mais si je devais le faire, je dirais :
Vraiment, je n’ai jamais compris Dieu
Alors qu’il sait que nous avions encore besoin de lui
Il le savait. Mais il nous le prend
Je n’aurais cru cela d’un Père qui,
Nous a-t-on dit est sensible et
Veut le bien des hommes.
Vraiment ! Je n’aurais jamais cru
Je n’ai jamais compris Dieu
Il sait que l’homme doit se réaliser
Il doit se construire son bonheur
A un petit nombre il donne
A beaucoup, il ne donne pas
On aurait dit de l’injustice
Mais je ne dis pas le mot
Je n’aurais jamais cru ça de Dieu
Mais une voix intérieure me répond
Vous ne lui avez rien fait
Il sait ce qu’il fait
Les mystères de Dieu sont insondables
Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres
Quand vous lisez les Ecritures
Apprenez aussi à les comprendre
Mais surtout à les vivre
Il est venu le temps de ne plus mettre Dieu en procès
Un chrétien reste un homme
Un homme abandonné à la volonté de Dieu
Qui laisse Dieu faire pour que sa volonté s’accomplisse
Comme j’avais promis de ne pas me plaindre, je ne dis pas ce que vous venez d’entendre.
Le père Daniel Loobuyck est un Oblat au parcours exceptionnel. Quand il finit ses études à Gijzegem puis à Nimègue, avec Piet Weijs, il vient sans tarder au Congo. Après une pastorale dans les brousses de Koshibanda, Musenge-Bawongo et Kipuku, il est nommé provincial. Dans les premières années, il a de la peine à se détacher de Koshibanda pour la maison provinciale à Ifwanzondo.
Provincial pendant trois mandat successifs, il aura eu le mérite de faire confiance en la jeunesse congolaise pour rouvrir le noviciat d’Ifwanzondo en 1977 après qu’il ait admis Théophile Moke, en 1975, et Jean-Pierre Bwalwel et son ami François-Xavier Ngaydam, l’année suivante, qui feront leur noviciat chez les pères de Scheut, à Mbudi.
La huitième année de son provincialat, il quittera son poste de provincial pour aller se former au Canada en vue de devenir supérieur au scolasticat de Kitambo qui se préparait à ouvrir ses portes. A son retour, il sera nommé supérieur du Home Asuma, à Righini, pendant un an avant de rejoindre le scolasticat de Kitambo qui commençait avec lui en 1982-1983. La même année académique commençait aussi le théologat Eugène de Mazenod avec cinq étudiants. Daniel assumera en même temps le rôle du supérieur du scolasticat et du recteur du théologat.
Puis, il assumera la tâche de l’économe provincial avant de rentrer en Belgique où il sera encore provincial pendant un triennat.
Un parcours exceptionnel pour un homme exceptionnel. Dieu lui a donné et il a su le rendre à ses frères et sœurs, et particulièrement aux Oblats de cette Province. D’une générosité sans mesure, Loobuyck a touché les cœurs de plusieurs, toute génération confondue.
Il était sur plusieurs fronts, mais trois combats ont particulièrement marqué l’esprit des jeunes Oblats parmi lesquels le Recteur actuel de l’Université Pédagogique Nationale, (parmi nous. Merci Prof. Pèlerin Kimwanga), Armand Atomate (consultant à la Banque Mondiale à Washington), et plusieurs d’entre nous. Les trois combats sont : la réouverture du noviciat en 1977 après la guerre de Mulele en 1964. Je ne dis pas que ses compatriotes n’ont pas cru aux jeunes, mais je n’hésiterai pas à dire qu’ils n’y voyaient aucune chance de reprise. Mais puisqu’il fallait oser, il osa.
Le deuxième combat est celui de l’ouverture du scolasticat de Kitambo. Avec les exigences de feu le cardinal Joseph-Albert Malula, Archevêque de Kinshasa, voulant que les Oblats aient une autre paroisse à Kinshasa à part Saint Eloi, Daniel Loobuyck se fera bien le prêtre animateur de Saint Félix, au Camp Mombele. Il était un batailleur.
Le troisième est celui de l’ouverture du théologat Eugène de Mazenod, avec cinq étudiants. Il fallait le faire. Et il l’a fait. Le Père Guy Homery, fondateur des Divine Providence de Crehen, disait : « commence d’abord, mon fils, la Providence viendra à ton secours », et Daniel y a cru. L’histoire lui a donné raison.
Il suffit de croire, d’oser et d’entrainer avec soi. Daniel a beaucoup en l’homme, particulièrement en la jeunesse congolaise, il a beaucoup donné pour cette Province, et cette Province du Congo lui est reconnaissante. En célébrant cette eucharistie en sa mémoire, la Province voudrait le prendre aussi comme intercesseur. Que son âme repose en paix auprès de Celui qu’il a servi.
Amen
Baudouin Mubesala, o.m.i
26 mai 2018
Merci pour les beaux mots à l’ adresse de mon beau-frère Daniël.
J’ ai eu la chance de venir vous visiter en 1986.
Je suis la veuve de son frère Hendrik, mort en 2013.
Merci pour les prières pour les deux frères Loobuyck.