J’ai célébré Pâques dans la sous-paroisse Musu/Mpom

Je suis allé ouvrir une chapelle de la paroisse du Cœur immaculé de Marie d’Ifwanzondo, dans le diocèse d’Idiofa, dans la province du Kwilu en République démocratique du Congo. La chapelle était fermée depuis une année suite au décès du catéchiste.

Le samedi saint, 19 avril 2025, j’arrive dans la sous-paroisse Musu/Mpom. Il est 14h30. C’est le chef du groupement qui m’accueille, avec un air triste. « Mon père, dit-il, mon village est traumatisé durant ces jours ici, par les agents de l’Etat. Ils ont passé trois jours en faisant payer l’impôt des chèvres, porcs et coqs, et ils viennent de partir. »

Une heure après, avec un petit groupe de choristes présents, nous avons commencé la répétition des chants pour la messe de la nuit de Pâques. La messe était prévue à 16h00, avant la nuit, faute de lampes appropriées et parce que la messe du jour de Pâques est prévue à Ifwanzondo, siège de la paroisse, puis dans une autre localité, Ifwanzondo-nsi.

Après la répétition des chants, à Musu, un repas m’a été servi, avant la messe. Et pendant le repas, je devais répondre à une série de questions d’ordre pastoral, par exemple : le catéchiste régional est mort après avoir vendu le vélo que la paroisse avait donné, et le catéchiste titulaire est mort lui aussi ; et depuis plus d’un an, la famille de celui-ci a retenu les livres liturgiques et le vélo destinés au service de la sous paroisse. Que faut-il faire ? Vous êtes tous dans l’erreur, ai-je répondu, expliquant que les biens de l’Eglise sont acquis suite à une formation que les catéchistes ont reçue à la paroisse et que la gestion des biens doit suivre la règle apprise pendant cette formation et que tout dérapage doit être signalé immédiatement au curé pour que celui-ci prenne des dispositions. J’ai promis, d’ailleurs, de rapporter la question au curé, le père Gérard Ndukulu.

Une autre question me fut posée concernant les Oblats : pourquoi ne viennent-ils plus depuis un certain temps ?

Et la messe de la nuit de Pâques a commencé, enfin, à 17h23. J’ai pu vivre l’élément porteur d’espoir dans cette sous paroisse envahie par les protestants : la foi et l’engagement des deux chefs, le chef du groupement et le chef du village. Ils sont tous deux des fidèles bien engagés dans la foi catholique reçue des apôtres. Or, les protestants sont bien présents dans ce village avec la seule école primaire du village. Ils ont réussi à récupérer un grand nombre de catholiques à cause de l’absence prolongée des prêtres de la paroisse.

A l’homélie, j’ai insisté sur la prière. Jésus ressuscité a changé notre vie. L’homme ancien est détruit. Il apparaît un homme nouveau, qui doit vivre comme Jésus le veut. Jésus est Jésus, dans ses sentiments, sa façon d’agir. Il nous demande l’amour du prochain, il appelle heureux ceux qui souffrent pour la justice, ceux qui pleurent. Il pense que la souffrance du juste, si elle est unie à lui, produit une joie céleste…

Nous avons conclu notre veillée pascale par un repas festif parce que je devrais partir pour le village Ifwanzondo-nsi pour la  messe  du jour. A pied, nous sommes partis, sous la menace de la pluie, jusqu’à une quinzaine de kilomètre. Le lendemain matin, la messe à commencé à 9h00.

Les gestes plus que les paroles

Avant la messe, une enseignante a tiré de son sac un linge blanc. Elle a dressé rapidement un tombeau vide. Le geste a facilement attiré l’attention de tout le monde, de moi-même aussi. Toute la danse accompagnant les chants de Pâques se déroule autour de ce « tombeau vide ». A ma question, l’enseignante m’a répondu : « Mon père, les gestes enseignent plus que les paroles. »

Jean de Dieu MODJI, o.m.i.

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