Chers frères et sœurs en Christ, amis croyants, le choix m’est donné en ce jour de votre profession solennelle de m’adresser de façon spéciale à mes jeunes frères qui font aujourd’hui leur engagement définitif par les vœux, dans la grande famille des missionnaires oblats de Marie Immaculée. Par cette Sainte Messe, et avec Marie notre Mère, nous élevons notre cantique d’action de grâce au Dieu Tout-Puissant, plein d’amour et de tendresse, qui a fait des merveilles dans leur vie par le don de la consécration baptismale et religieuse.
Outre ce moment de joie et d’action de grâce qui nous unit à eux, une autre action de grâce, celle de tous les enfants de Dieu, monte vers Lui en ce jour dédié à la Bienheureuse Vierge Marie. Et pour mieux vivres ces différentes actions de grâce, l’Eglise notre mère nous a donné deux extraits tirés de la Parole de Dieu pour nous accompagner en ce moment de joie qui nous anime.
Avant de venir à vous, permettez-moi de faire un détour par la parole de Dieu qui est la lampe qui doit éclairer le chemin d’un bon religieux que vous êtes appelés à être par la sagesse que vous tirerez d’elle, pour nourrir et abreuver les enfants de Dieu qui viendront à vous, pour trouver des réponses à leurs maux.
En effet, les textes choisis pour la circonstance nous plongent au cœur du ministère de la consécration religieuse. Nous avons entendu tout à l’heure, dans la première lecture, le Prophète Isaïe s’attribuer pour la première fois le titre de « Messie » pour essayer de redonner confiance aux habitants de Jérusalem qui traversent une période de grand découragement. Il vient leur annoncer la bonne nouvelle en ces terme : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération, et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer l’année où le Seigneur manifestera sa faveur. »
Cette mission du prophète est désormais la vôtre puisque par l’oblation perpétuelle tout est désormais en commun entre nous. Vous êtes appelés, comme tous vos aînés, à veiller sur le troupeau de Dieu en le libérant de ses différentes prisons : Prison de la pauvreté aux multiples visages, prison de l’adduction aux stupéfiants, prison de l’analphabétisme, prison de la méconnaissance des richesses insondables de Dieu, et j’en passe… Et pour exceller en cela, vous devez regarder « toujours Marie comme votre Mère », elle qui est la première en chemin et dont nous allons fêter la Nativité demain 8 septembre.
Bien aimés dans le Christ, l’extrait de l’évangile que nous avons écouté tout à l’heure est la lecture brève du texte de Matthieu que l’Eglise va nous proposer demain à la fête de la Nativité de la Vierge Marie. « Voici que la vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : ‘Dieu-avec-nous’. » La Nativité de Marie que nous allons célébrer demain inaugure l’économie du salut et l’inscription du Verbe de Dieu dans l’histoire des hommes. En la Nativité de Marie, nous faisons mémoire du jour où commença la régénération de notre nature humaine. En effet, avec la naissance de la Vierge, le projet de salut du Très-Haut sortait de sa phase préparatoire et entrait dans sa réalisation concrète. La Mère précédait le Fils sans lequel elle ne pourrait exister ; la Reine préparait la venue du Roi Jésus le Christ.
Tous les mystères que nous célébrons dans la liturgie de la Nativité de la Vierge procèdent et convergent vers le mystère de l’Incarnation rédemptrice. C’est donc à la lumière de la victoire de Jésus ressuscité sur le péché et sur la mort qu’il nous faut contempler la nativité de celle qui fut sa mère selon la chair.
Pour Duns Scott (1265-1308) – le « Docteur subtil » nommé plus tard le « Docteur de l’Immaculée » -, Marie a été voulue dans le même et unique décret par lequel Dieu décidait d’envoyer son Fils comme Sauveur du monde. C’est également en vue de sa maternité divine que la Vierge a bénéficié de la forme la plus parfaite de la rédemption, puisqu’elle n’a pas été délivrée du péché contracté, mais préservée de tout péché personnel et exemptée des conséquences du péché originel, « par une grâce et un privilège spécial de Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain » (Pie IX, Lettre encyclique Ineffabilis Deus, 8 décembre 1854).
Alors, que Marie qui naquit pour offrir au Seigneur une demeure sacrée en vue de la Rédemption du monde vous enseigne à disposer vos cœurs pour que le Christ naisse en vous et pour que vous deveniez ainsi à votre tour des coopérateurs à son œuvre de rédemption.
Chers jeunes frères qui allez devenir tout à l’heure des membres à part entière et non des membres entiers à part, de la grande et belle famille des missionnaires Oblats de Marie Immaculée, sachez une chose : le monde dans lequel nous vivons et où nous sommes envoyés comme des intendants des biens spirituels de Dieu nous sollicite sans cesse. Vous serez constamment en mouvement, le danger serait grand de vous prendre pour des travailleurs sociaux, vous ne porterez plus alors au monde la lumière de Dieu, mais votre propre lumière qui n’est pas celle qu’attendent les hommes. Sachez vous tourner vers Dieu, dans une prière intérieure recueillie, pleine de respect de silence et empreinte de sacralité. N’inventez rien de la consécration, recevez tout de Dieu et de l’Eglise, n’y cherchez pas votre propre gloire ou la réussite mais puisez-y la sagesse pour un bon discernement. La vie consacrée nous l’apprend : être consacré, ce n’est pas d’abord faire beaucoup ; mais c’est surtout et avant tout être avec le Seigneur sur la croix. La vie consacrée est le lieu où vous rencontrerez Dieu face à face dans les messes que vous célébrerez plus tard ; la vie consacrée est le moment le plus sublime où Dieu vous apprendra à reproduire en vous l’image de son fils Jésus Christ, chaste, pauvre et obéissant, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude. Elle ne doit pas être négligée. Ne pensez pas que les vœux perpétuels ne vous donnent que des droits à ceci ou à cela, ils vous donnent aussi des devoirs vis-à-vis de Dieu, de la congrégation et de vos supérieurs légitimes.
Mes frères, soyez des oblats joyeux, comme nous y invite Saint Paul dans la première lettre aux Thessaloniciens :
« Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal. »
Un oblat malheureux et triste n’est pas bien pour l’Eglise, pour la congrégation, sa province et même pour sa communauté. Si vous n’avez rien à nous apporter de bien ou de beau, alors, s’il vous plait, épargnez-nous aussi trop de soucis.
Que le Seigneur soit avec vous !
P. Paul-Marie Mandika
Kinshasa, 07 septembre 2024
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